Cyberdépendance : comment savoir si on est accro à l’écran ?

Les écrans font désormais partie de nos vies quotidiennes que l’on s’en serve pour s’informer, se divertir ou encore jouer à des jeux vidéos. Leur utilisation est si ancrée dans nos habitudes qu’il peut arriver qu’on y passe beaucoup de temps, au point où l’on peut avoir le sentiment de négliger les autres sphères de nos vies. Comment reconnaître une utilisation problématique ? Quelles actions concrètes peut-on mettre en place pour entretenir un rapport plus sain avec Internet et nos écrans ? 

La cyberdépendance peut être définie comme une utilisation abusive des moyens de communications offerts par Internet au détriment de nos autres intérêts. Toutefois, il est important de noter qu’une utilisation importante ne signifie pas nécessairement qu’il y a un problème de dépendance. Il s’agit d’une question complexe qui demande beaucoup de nuances.

En effet, la dépendance est généralement associée à une souffrance importante, et elle est sujette à interprétation. Néanmoins, lorsque notre quotidien est perturbé, il s’agit d’un indice que notre utilisation est peut-être problématique.

Parmi les aspects à considérer, il existe des symptômes physiques et psychologiques qui peuvent nous aider à mieux cerner s’il y a un problème, par exemple des pensées obsédantes, des modifications de l’humeur, un sentiment de vide ou d’irritabilité si la connexion est impossible, de l’isolement, une mauvaise alimentation, l’utilisation des technologies comme échappatoire et la diminution des autres intérêts, etc.

Source : Pixabay | Crédit : Coffeebeanworks

Les jeunes et la cyberdépendance

Les écrans sont très présents dans la vie des jeunes et ils participent à la construction de leur identité. Si Internet peut offrir des expériences et leviers positifs, une utilisation excessive peut aussi indiquer que la cyberdépendance est liée à d’autres difficultés qui peuvent être des problèmes familiaux, et d’autres problèmes de santé mentale tels que le TDAH, l’anxiété, ou une diminution de l’estime de soi. 

Le site web de Tel-jeunes offre du soutien et un espace sécuritaire où les jeunes peuvent poser des questions et parler de leurs difficultés. Quelques messages formulés par des jeunes utilisant ce site donnent des pistes sur les problèmes auxquels ces personnes sont confrontées dans une situation de cyberdépendance. 

« Je suis toujours sur l’ordinateur et je ne sais plus me contrôler. »

« Mes notes baissent, je n’ai plus d’amis sauf en ligne, je suis complètement dépendant des jeux vidéo et d’Internet. Je ne sais plus comment faire et je suis sûr que je n’y arriverai pas à arrêter l’ordinateur. »

« J’ai commencé à jouer à un jeu en ligne. Sauf que je suis rendue à 300 $ d’investis en 2 semaines. J’ai honte, mais on dirait qu’en rendant mon personnage en ligne plus puissant, je me sens enfin quelqu’un. »

Dans ce contexte, il faut faire attention à ne pas pathologiser un comportement, sans considérer ce qu’il se passe à l’intérieur de la famille ; le jeune pourrait davantage avoir besoin des services d’un CLSC que de programmes de cyberdépendance, par exemple. 

Il est souhaitable, dans un premier temps, d’ouvrir le dialogue avec la personne et de s’intéresser à ses cyberactivités, plutôt que de lui retirer les écrans ou de lui couper drastiquement l’accès à Internet. Il faut conserver à l’esprit que la relation problématique avec l’écran peut être liée à d’autres causes et ainsi éviter d’opter pour des solutions inappropriées. 

Les principaux facteurs de risque et de protection
Facteurs de risques
Facteurs de protection
Climat familial conflictuelEntrer dans le monde et les valeurs des jeunes plutôt que d’interdire à priori
Difficultés au plan de la qualité de la relation entre le parent et l’adolescentRituels familiaux comme espaces concrets de prévention (ex: repas et activités en famille)
Habiletés parentales déficientes: faible supervision, attentes floues, style trop permissif ou trop autoritaireLiens étroits (affect) entre parents et adolescents préviennent l’usage abusif des écrans ainsi que les comportements à risque
Maltraitance et négligence parentale
Précocité de l’initiation aux écrans: les attitudes et les normes parentales favorisent une certaine reproduction des styles de vieRègles de fonctionnement les plus claires possibles (prévisibilité = moins de comportements à risque)
Usage abusif des écrans par les parents et la fratrie Soutien familial et attachement mutuel

Source : Institut Santé et Société (2018). Les médias sociaux et la santé. La cyberdépendance chez les jeunes et l’accès aux informations santé sur Internet. Les principaux facteurs de risque et de protection.

5 pistes d’action concrètes pour tous !

1 Diminuer le temps passé sur les écrans
En premier lieu, on peut prendre conscience du temps passé sur l’écran avec une fonctionnalité déjà disponible sur notre appareil ou encore explorer des outils de mesure du temps offerts par différentes applications mobiles. On peut, par exemple, désactiver les notifications de son téléphone et éviter de l’avoir sur sa table de chevet la nuit ; éteindre son ordinateur et/ou désactiver le wifi avant de se coucher afin de limiter l’accès aux écrans et à l’Internet.

2 Entretenir de saines habitudes de vie
Nous connaissons bien les impacts positifs de saines habitudes de vie sur notre mieux-être général : sommeil suffisant, alimentation équilibrée, exercice physique, etc. On peut également adopter une bonne posture et/ou un poste de travail ergonomique, prendre des pauses et faire des étirements. 

3 Réfléchir à son utilisation d’Internet
S’accorder un recul pour réfléchir aux raisons qui motivent notre connexion à l’Internet peut être une bonne piste de solution pour mieux gérer notre utilisation. Est-ce que l’écran répond à un besoin non comblé dans ma vie ? Lequel ? Est-ce que j’utilise davantage Internet quand je me sens déprimé.e ou seul.e ? Ainsi, il devient plus facile d’identifier les patterns et les justifications que l’on donne à son temps d’écran, mais aussi les pensées qui nous donnent du contrôle. 

4 Réinvestir les autres sphères de sa vie
Renouer ou découvrir des activités qui nous plaisent peut nous aider à diminuer notre temps d’écran. On peut aussi s’engager, par exemple, dans des projets communautaires, suivre des cours, faire du bénévolat, se remettre en forme par la pratique d’un sport, etc. 

5 Demander de l’aide
Si l’on sent que notre utilisation d’Internet est problématique et qu’on a perdu le contrôle, il ne faut pas hésiter à demander de l’aide ! On peut en parler dans un premier temps à des personnes de confiance, et/ou consulter différentes ressources en ligne ou en personne.

Cyberdépendant ou hyperconnecté ? 

Entre la banalisation et la démonisation des écrans, il faut trouver un juste milieu. Certains estiment que le terme même, cyberdépendance, peut être stigmatisant. On parle de plus en plus d’hyperconnectivité pour désigner ce phénomène, qui a l’avantage d’être plus neutre. Quoiqu’il en soit, l’important est de conserver un esprit critique sur notre utilisation d’Internet et des écrans !

Ressources

Le  contenu de ce site ne remplace pas les diagnostics, consultations ou les traitements qui ne peuvent être offerts que par vos professionnels et profesionnelles de la santé. 


Vous avez des commentaires à nous faire sur cet article?
Veuillez nous laisser vos suggestions dans le formulaire suivant :
Sur une échelle de 1 à 5, comment avez apprécié l'article ?

Vous pourriez aussi aimer

Fermer

Copiez et collez ce code pour intégrer cette image à votre site web