L’intimidation se manifeste par des paroles, des gestes ou des comportements qui blessent, humilient, excluent socialement une personne ou qui ont pour effet de miner l’estime de soi. Nous pouvons tous y être confrontés un jour ou l’autre, et ce, à tout âge. La cyberintimidation est une version contemporaine de ce phénomène qui se manifeste sur Internet. En quoi cela consiste-t-il et comment s’en prévenir ?
Selon Éducaloi, « On parle de cyberintimidation quand une personne en intimide une autre en utilisant un moyen technologique : réseaux sociaux, sites Web, messageries (courriels, textos), etc. ».
Plus concrètement, la cyberintimidation, qui est aussi appelée « cyberharcèlement », peut prendre la forme d’intimidation physique (menaces ou incitation à la violence), verbale (insultes, altercations) ou sociale (pression collective envers un groupe ou un individu).
À titre d’exemple, la GRC considère les comportements suivants comme des actes de cyberintimidation :
- envoyer des courriels ou des messages textes ou instantanés; malveillants ou menaçants;
- afficher en ligne des photos gênantes d’une personne;
- créer un site Web pour se moquer des autres;
- se faire passer pour une autre personne en utilisant son nom;
- amener une personne à révéler des renseignements personnels ou des choses gênantes puis les transmettre à d’autres.
Source : GRC
Rappelons que nous pouvons tous être concernés par la cyberintimidation, que l’on en soit victime ou témoin. À l’origine de ces actions ciblées se trouvent les intimidateurs et intimidatrices. Si ces personnes peuvent être connues de leur victime, d’autres se cachent derrière leurs écrans et sont bien renseignées sur la manière de protéger leur identité. Il peut donc être difficile pour les autorités d’identifier les responsables d’actes d’intimidation en ligne.
Dans d’autres cas, le cyberharcèlement est le fait de « trolls », un terme qui désigne certains internautes qui, sous le couvert de l’anonymat que procure Internet, intimident en ligne. Les trolls cherchent à perturber des échanges en attirant l’attention ou en créant des polémiques, parfois en bombardant de messages plus ou moins malveillants ou en intervenant de manière provocatrice dans le but de nuire. Il existe d’autres termes pour qualifier ces personnes aux comportements dérangeants, comme les « haters ».

Les jeunes et les femmes, les cibles les plus fréquentes
La cyberintimidation peut toucher toute personne s’exprimant en ligne, mais les recherches sur le sujet montrent que les jeunes et les femmes sont plus particulièrement ciblées.
En ce qui concerne les jeunes filles, un rapport des Nations Unies intitulé Lutter contre la violence en ligne à l’égard des femmes et des jeunes filles – appel à une prise de conscience mondiale et publié en 2015 révèle que les jeunes filles noires (51%) ou hispaniques (54%) sont davantage harcelées en ligne que les blanches (34%). En outre, « 73% des femmes ont déjà été confrontées, d’une manière ou d’une autre, à des violences en ligne ou en ont été victimes ».
Des comportements similaires ont également été observés par Amnesty International, dans le cadre du projet participatif Troll Patrol, mené dans 150 pays, portant sur les violences en ligne, plus particulièrement sur Twitter. Il est ressorti de ce projet qu’environ 7% des tweets adressés aux femmes avaient un caractère injurieux ou problématique. Cela représente 1,1 million de tweets, soit une publication toutes les 30 secondes.

Quelles ressources pour faire face à la cyberintimidation?
Il existe plusieurs ressources, dont certaines sont dédiées spécifiquement aux jeunes, d’autres proposent des outils pour dénoncer des actes de cyberintimidation ou encore pour s’informer et apprendre à déceler les signes de comportements problématiques.
Le cyberharcèlement, même s’il se produit en ligne, peut-être pris en charge par des personnes hors-ligne, par exemple les parents, les proches, le personnel scolaire ou une personne responsable dans l’entreprise. Il ne faut pas hésiter à demander de l’aide.
À noter : Lors d’une situation de harcèlement en ligne, il est utile de documenter les intimidations au moyen de captures d’écran dans lesquelles la date et l’heure sont visibles, particulièrement pour faire un signalement auprès de la police.
Ressources
Pour rapporter des actes d’intimidation en ligne
- La plateforme iHeartmob (en anglais) offre de l’information et la possibilité de dénoncer des situations de cyberharcèlement.
- Cyberaide.ca permet de dénoncer la diffusion de contenus sexuellement explicites sans consentement et de parler à des personnes ressources sur cette plateforme.
Pour s’informer
- La plateforme Tel-Jeunes permet d’accéder à des ressources informationnelles et humaines en ligne.
- Le documentaire Troller les trolls disponible sur le site de Télé-Québec suit Pénélope McQuade dans son exploration de la culture des trolls et des situations d’agressions en ligne.
- Les ressources-guides d’Habilo Média s’adressent aux adultes, aux enfants, ainsi qu’aux éducateurs. On y trouve des ressources pour en savoir plus sur les phénomènes liés au cyberharcèlement et aux technologies en général.
- Le Manuel d’autodéfense contre le harcèlement des trolls en ligne par Stéphanie de Vanssay fournit des explications et conseils pratiques.
- Cyberviolences.ca offre une formation gratuite en ligne destinée particulièrement aux intervenantes et intervenants des groupes jeunesse, de femmes et communautaires, travaillant auprès des jeunes de 14 à 25 ans).
- Pour plus d’information sur les trolls, consulter les travaux de A. Casilli (troll studies)